L’année 2024 correspond au trentième anniversaire de la mort de Jacques Ellul (1912-1994), au soixante-dixième anniversaire de la publication de son maître livre La Technique ou l’enjeu du siècle (1954), ainsi qu’au quatre-vingtième anniversaire de sa nomination à la délégation municipale spéciale de Bordeaux en 1944. Mais bien au-delà de ces trois dates symboliques, nombreux sont les motifs actuels de s’intéresser à l’œuvre d’Ellul. Elle offre des clés d’interprétation des progrès fulgurants de l’intelligence artificielle, du développement des NBIC et du transhumanisme, de la crise écologique, des fake news et de la post-vérité, de la surveillance et du profilage des populations, de l’omniprésence des réseaux sociaux, de la montée des populismes et de la fatigue démocratique, du réenchantement du monde et de la poussée des intégrismes.
Historien du droit, agrégé de droit romain, théologien et éthicien protestant, Jacques Ellul s’est d’abord fait connaître dans le monde anglophone par la publication de The Technological Society (1964). Ses travaux sur la propagande sont venus s’inscrire dans le droit fil de sa sociologie du phénomène technicien. Sa trilogie sur la révolution et les révoltes est apparue comme une approche originale du changement social combinant les sciences humaines et sociales avec les préoccupations éthiques. Auteur de plus de soixante-cinq livres, traduits en une quinzaine de langues, et de 1200 articles, les analyses de Jacques Ellul suscitent toujours la réflexion et le débat et continuent d’inspirer des centaines de chercheurs de par le monde.
Ce colloque international et pluridisciplinaire constitue une opportunité exceptionnelle pour attester de la vitalité de sa pensée. A-t-elle gardé toute sa pertinence ? Dans quels domaines ? Que faut-il désormais en écarter, en modifier ou en conserver ? Comment l’illustrer et la prolonger aujourd’hui ?